
Cet appel a été adressé aux producteurs belges qui souffrent eux aussi d’un prix du sucre au plus bas, d’un climat capricieux et des contraintes environnementales insurmontables. Bruno DeWulf, directeur de Strube Belgique, sur l’avenir des betteraves sucrières.
Ma première question à Bruno DeWulf est, bien évidemment celle de la situation des traitements de semences en Belgique.
Bruno DeWulf: En Belgique il y a une dérogation pour un néonicotinoide, mais aux conditions très strictes (c.-à-d. pas de culture fleurissante pendant 6 ans). Alors pas plus de 20% des betteraves sont semées avec un traitement aux néonicotinoide.
DeWulf est propriétaire d’une exploitation agricole avec principalement betteraves, des carottes et des oignons. Il connait parfaitement la pratique.
Bruno DeWulf: “Nous devons accepter que la betterave ne soit plus systématiquement la meilleure culture de la ferme. Comme les autres cultures, elle connaît et connaitra des bonnes et des mauvaises années.”
La betterave a une productivité et une efficience en intrants inégalées.
Grâce aux progrès de la génétique et des techniques de culture, mais aussi au changement climatique, ce qui a été réalisé en 30 ans est unique:
- Doublement des rendements en sucre à l’hectare: de 8 à 16 tonnes
- Multiplication par 3 de l’efficience de l’azote: 30 kilos d’azote (minéral et/ou organique) par tonne de sucre dans les années 80, à peine 10 kilos aujourd’hui, et l’objectif est d’arriver à 5.
- Diminution de 30% des produits phytosanitaires: tous produits confondus, il faut aujourd’hui moins de 350 grammes de matières actives par tonne de sucre produite.
La betterave est un modèle de durabilité pour toutes les autres cultures. Elle produit toujours plus, avec moins de ressources: cela s’appelle l’efficience !
Le potentiel de nos pays

Bruno DeWulf: « Si les cours de sucre n’ont pas touché le fond, alors de nombreux producteurs et fabricants de sucre vont devoir arrêter de produire dans un avenir proche. Mais nous sommes dans une des meilleures régions pour produire du sucre. Il faut avoir confiance et laisser parler la terre et l’efficacité de nos agriculteurs et des industriels! »
La betterave a le meilleur bilan écologique des espèces cultivées.
- Rien n’est jeté: pulpes, radicelles, écumes, mélasse,… même l’eau retourne aux cours d’eau. La betterave, c’est « zéro déchet » !
- La betterave capte 38 tonnes de CO2 à l’hectare pendant sa croissance, et rejette de l’ordre de 13 millions de litres d’oxygène. C’est plus qu’une forêt !
- Le sucre de betterave que l’on mange en Europe est produit localement. Son empreinte-transport est minime. C’est du circuit-court!
La filière betteraves-sucre est organisée en interprofession.

Bruno DeWulf: « Connaissez-vous une autre filière aussi bien organisée ? Les accords interprofessionnels, le financement commun de la recherche (CBS), les nombreux organes de concertation,… sont des modèles pour les autres filières.
Et enfin il rassure, que les semenciers investissent depuis toujours dans la progression des rendements et la tolérance aux maladies. De plus les techniques modernes de sélection vont permettre de réaliser rapidement de nouvelles innovations que l’on pourra qualifier de «rupture avec l’existant».
Bruno DeWulf : Je travaille pour un sélectionneur de semences de betteraves engagé et confiant en l’avenir. Nos variétés sont fiables et performantes et répondent aux exigences du betteravier professionnel. Nos équipes sont expérimentées et convaincues que notre travail a un sens car le sucre de betteraves est irremplaçable.